Déclaration concernant l’occupation de l’ancienne ambassade d’Iran à Bonn (version française)

Depuis jeudi dernier, l’ancienne ambassade d’Iran à Bonn est occupée. Cet acte marque un
geste de solidarité avec les manifestations progressistes en Iran, les femmes en révolte et
les prisonniers politiques et entend par la même occasion attirer l’attention sur le besoin pour
un espace gratuit, dédié au rassemblement et à l’expression libre des cultures.
Malgré les risques d’être arrêté(e), torturé(e) voire même assassiné(e), cela fait plusieurs
que les Iraniens et Iraniennes descendent dans la rue pour exprimer leurs mécontentements
contre le régime mollah. Ces derniers recouvrent de nombreux sujets comme : la lutte pour
de meilleures conditions de travail, la libération de prisonniers politiques, la revendication
d’une baisse des prix des denrées alimentaires, de l’électricité et des loyers. De même, les
objectifs poursuivis par les manifestants sont divers : de l’appel à un système politique
démocratique de type occidental à la construction d’une société résolument anti-capitaliste. A
ces revendications anti-cléricales et d’émancipation s’ajoutent un spectre de mouvements
réactionnaires tels des défenseurs de la monarchie qui espèrent remplacer la dictature
islamique par un autre régime rétrograde.
Le régime iranien réprime brutalement ces manifestations. D’après les chiffres officiels, plus
de 3500 manifestants anti-gouvernementaux ont été arrêtés et plus de 50 ont été tués. Les
activistes en dénombrent beaucoup plus.
En décidant d’occuper l’ambassade à compter du 8 mars (journée internationale des droits
des femmes), nous voulons faire la démonstration de notre solidarité avec celles et ceux qui
luttent pour les droits des femmes. Un monde digne de ce nom se doit d’atteindre l’égalité
des genres. Par cet acte d’occupation, nous voulons témoigner de notre soutien avec ces
femmes en Iran qui se lèvent et affrontent ce système patriarcal et répressif. Celles-ci sont
parmi les premières à souffrir de ces règles religieuses oppressives comme le port obligatoire
du voile. Elles demandent le droit à l’auto-détermination et notamment de choisir les
vêtements qu’elles veulent porter ou non.
De plus, nous sommes un groupe d’individus, issus de milieux différents, réunis pour prendre
position sur les questions suivantes : à qui appartient la ville et comment se développe-t-
elle ? Nous avons remarqué plusieurs changements dans la ville de Bonn, dont certains ne
semblent pas aller dans l’intérêt des citoyens (et non-citoyens). Nous ne sommes pas les
seuls à poser ces questions, comme l’attestent la formation de différents groupes contre ces
changements comme « Viva Viktoria », groupe qui dénonce la gentrification du quartier de
Viktoria dans le centre de Bonn, ou le mécontentement suscité par le projet, porté par lamunicipalité, de fermeture de plusieurs piscines publiques au profit d’une grande nouvelle.
En parallèle, nous assistons à une hausse continue des loyers et tandis que le nombre de
bâtiments vides s’accroît (alors même que ceux-ci pourraient être utilisés pour des
habitations).
C’est avec inquiétude que nous observons ces développements qui reflètent la gentrification
de la ville, poussant en bordure de la ville les individus disposant de faibles revenus tandis
que les entreprises bénéficient de la situation.
Ainsi, l’occupation de l’ancienne ambassade iranienne marque notre opposition à ces
changements. Puisqu’il est aujourd’hui difficile, à Bonn, de trouver un endroit gratuit d’accès,
nous voulons créer un espace libre et ouvert. En particulier, notre objectif est de faire de cet
endroit un lieu autonome tourné vers la culture et la politique où les gens pourront se
retrouver et discuter. C’est pourquoi nous occupons ce bâtiment vide (qui était laissé à
l’abandon) en lui donnons une deuxième vie.
Nous travaillons aussi à la création d’un « Institut d’études sur l’anarchisme » d’où pourra
émaner une critique radicale de la société capitaliste, société qui met sous pression la liberté
individuelle et le bien-être.
Celles et ceux qui sont intéressé(e)s sont les bienvenu(e)s, aussi bien pour visiter, nous
rencontrer que pour observer le changement en cours.

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